mercredi 15 juin 2022

Danser dans la France des Lumières, par Sylvie Granger †

mis en ligne le 2/292019
mise à jour le 15/6/2022, annonce du décès de Sylvie

Vient de paraître aux Presses Universitaires de Rennes





Un mystérieux carnet… nous lance sur la piste d’un maître à danser entreprenant des années 1760, de Mademoiselle sa fille et de leur entourage. À partir de la place du Martroy au cœur d’Orléans, l’enquête s’élargit à la sociabilité urbaine au temps des Lumières. Décentrant résolument le regard, elle éclaire d’un jour nouveau diverses villes du royaume. On découvre les réalités concrètes du métier de maître à danser, installé ou réclamé jusque dans les petites villes. On mesure la place occupée par la danse récréative : loisir, plaisir, passion, elle est aussi objet d’ostentation, conquis grâce aux leçons et à l’imitation. Elle devient signe d’un accès à la mode, mieux, à la modernité. Menuets et contredanses, leçons de danse et bals publics constituent une médiation originale vers l’histoire urbaine du XVIIIe siècle. Pour décrypter ses hiérarchies et ses aspirations, à travers les comportements culturels et les mécanismes de leur transmission, la circulation et la diffusion des modes, la propagation et l’appropriation des critères de distinction.


Sommaire

Paris-Orléans, en danse et en musique
• Pour « danser facilement » les contredanses nouvelles
• Aperçus sur la vie orléanaise au milieu du XVIIIe siècle

Le métier de maître à danser au XVIIIe siècle
• Un métier ambigu et polymorphe
• Devenir maître de danse
• Exercer comme maître de danse
• Composer chorégraphies et airs à danser

Le bal des Lumières dans les provinces
• Le bal urbain au milieu du XVIIIe siècle
• Menuets, allemandes et contredanses : quel répertoire pour le bal des provinces ?

commentaire de l'auteure :
"[…] les divers métiers de la musique n'étaient pas au XVIIIe siècle si cloisonnés que l'on pourrait le croire. Malgré les anathèmes lancés par l'Église contre les dangers de la danse et des bals, maîtres à danser et musiciens d'Église se fréquentaient, tant familialement que professionnellement. Jean Robert, le "héros" ou plus exactement le fil conducteur de ce livre, apparaît dans les sources orléanaises quand il assiste à la sépulture d'un musicien de la cathédrale en 1759. Il est très ami avec l'organiste Christophe Moyreau, que l'on aperçoit plusieurs fois présent et signataire à ses côtés et qui l'accompagne à sa dernière demeure.
Une vingtaine de pages sont consacrées au Concert que François Giroust, alors maître de musique de la cathédrale d'Orléans, reconstitua et anima de 1757 jusqu'à son départ pour Paris en 1769. La méthode muséfrémienne a été mise en action pour identifier les musiciens de ces concerts publics, dont une seule liste est actuellement connue (1762), complétée de diverses annonces de presse (Affiches). Il en ressort que les musiciens d'Église sont les piliers indispensables de ces concerts."

autre commentaire reçu par ailleurs :
"Le dernier ouvrage publié par Sylvie invite à Danser en ville, un autre regard sur le XVIIIème siècle que nous avons coutume de côtoyer entre musique et histoire.
Ce Jean Robert qui émaillait régulièrement le discours de notre amie a pris forme et défend les couleurs de la danse en province. Disons d'emblée qu'il s'agit d'un ouvrage scientifique qui fera référence. Ainsi que le souligne Sylvie en introduction, la danse n'a pas la chance de sa soeur musique et n'a pas bénéficié de la même aura. L'historiographie est maigre, la discipline étant répertoriée tantôt en Musique tantôt en Arts et spectacles, voire "ailleurs". Il y a comme un vide autour de la danse alors que son rôle social, esthétique, artistique est indéniable. Point de danse
sans musique et réciproquement "Pas de musique sans danse" argue Sylvie. Pourquoi ce vide ? La place de l'interdisciplinarité, les danses du XVIIIème siècle, la vie en société..l'histoire du couple de Jean et Marie Louise Robert au service de leur art va aider à décrypter la danse comme medium.
Cette invitation à découvrir concrètement par le menu l'exercice du métier de maître à danser s'appuie sur de nombreuses sources, illustrations dont certaines ne sont pas sans rappeler L'Harmonie universelle de notre cher Mersenne, le tout mené dans un style fluide agréable à suivre.
Laissant tout un chacun découvrir ce volet dansé de l'histoire urbaine,
Bien sincèrement





*** † ***

Sylvie Granger est décédée le 12 juin dernier des suites d'une maladie. Je l'avais connue de façon épistolaire suite à un appel qu'elle avait fait dans la revue Trad Magazine en 1999. Elle cherchait à entrer en contact avec d'autres chercheurs/musicologues concernés par la danse ancienne, nous avions échangé quelques informations et elle m'avait beaucoup encouragé à poursuivre mes recherches. Nous avions gardé le contact depuis, elle ne manquait jamais de m'apporter son éclairage sur une question et m'avait aussi permis d'entrer en contact avec d'autres chercheurs. En plus d'être une experte dans ses domaines, elle savait jouer le rôle de passeuse, elle nous manquera beaucoup, mais son œuvre reste.





un hommage en chanson, écrite et chantée par Jean-François "Maxou" Heitzein



Dans les villes de l'Ouest : des musiciens venus d'ailleurs (XVIIe-XVIIIe siècle) par Sylvie Granger

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