mardi 3 septembre 2024

Andrée Pascaud-Froment, professeur de danse

Paris 1946, Adolfo Kaminsky
 

Au départ, il y a cette photo d'Adolfo Kaminsky aperçue sur l'internet. Un femme attend, adossée au mur, à l'angle de deux rues à peine éclairées. Ses vêtements ne font pas supposer que cette attente soit professionnelle, elle est sans doute un modèle choisi par le photographe. Deux affiches collées au mur attirent le regard : en haut on devine "Vive l'amour" ; une annonce pour un spectacle ? ou un film ? Sur le soubassement une autre affiche, plus lisible, fait la réclame pour un cours de danse 60 rue Saint-Antoine. C'est le début d'une recherche.
Rapidement je trouve plusieurs annonces pour ce cours dans la presse nationale. Il semble aussi être une salle de gymnastique. Les annonces se succèdent de 1919 à 1953, publiée deux années dans une revue, puis une année dans une autre, épisodiquement : Comœdia, Benjamin, Candide, Cinémonde, Cols bleus et enfin Point de vue Images du Monde. J'ai trouvé aussi une annonce parue dans Le Phare de la Loire, pour un cours de danse dans les Salons Mauduit à Nantes en mars 1921. On y apprend que Mme Pascaud est diplômée de l'Académie des Maîtres de Danse de Paris. On peut y apprendre toutes les danses modernes… sauf le Shimmy. Il faut s'adresser au 3 rue de Guérande.

source : Gallica

 Une recherche dans les recensements 1926 et 1936 me donne des pistes sur l'identité de ce professeur de danse, je ne suis pas étonné de découvrir une femme, l'absence du prénom me le faisait supposer. C'est donc Andrée FLAMENT, veuve de Pierre PASCAUD, qui enseigne à cette adresse, mais qui est domiciliée à 500 m 55 rue des Rosiers.
Andrée Maguerite FLAMENT est née dans ce quatrième arrondissement le 6 août 1883 sur l'ile Saint Louis, 5 rue Budé, fille de Virgile (1851-1910), entrepreneur en menuiserie et de Catherine BURKEL (1858-1933). En 1906, elle est professeur de piano quand elle épouse Paul Henri Clément PASCAUD, professeur de gymnastique, né à Paris en 1882. son mari meurt au tout début de la guerre le 19 août 1914. Elle aura deux enfants, Guy Paul Virgile né en 1908, † 1981, et un fils posthume né en mars 1915 France Paul Gabriel, † 1967. Elle publie donc ces annonces à partir de 1919 et donne ses cours dans le local où son mari pratiquait la gymnastique, à côté de l'Hôtel de Sully.
Dans ces annonces il est fait plusieurs fois mention de "méthodes" publiées dont il ne semble plus exister aucun exemplaire, même à la BNF.

la dernière annonce relevée
 
Guy PASCAUD est également professeur de danse, avec son épouse Conception REMOLI, on trouve sa signature pour plusieurs articles paru dans la revue La Tribune de la Danse en 1938 et 1939. Dont ce tableau d'un relevé des danses pratiquées dans les bals en avril 1939 :

source : Médiathèque du Centre National de la Danse
 
Christian Declerck
3 septembre 2024

mardi 27 août 2024

Henri Audemars et Paul Van Hooland

mise en ligne le 4/4/2017
mise à jour le 27/8/2024  : ajout d'une photo de Mlle Audemars en 1936

La parution de l'article de Patrick et Marie Christine Bollier, Danses et frontière(s), dans les dernières Annales du Comité Flamand de France, me donne l'occasion de publier les informations sur ces deux professeurs de gymnastique, et créateurs de danses, en activité dans le Nord et le Pas de Calais au début du XXe siècle.



toutes les illustrations, collection personnelle


Henri Frédéric Audemars
Est né le 10 mars 1862,  à Le Brassus dans le canton de Vaud en Suisse. Sa famille est apparentée aux horlogers, dont la fameuse Société Audemars-Piguet, et à l'aviateur Edmond Audemars qui s'est illustré avant 1914 dans plusieurs concours aux débuts de l'aviation.
Le 1er juillet 1888, le journal La Gymnastique, annonce qu'Henri Audemars devient le directeur de la Société de Gymnastique à Arras, il était précédemment  le directeur de la Nationale de Dieppe.
Il épouse Elise Bury, née également en Suisse en 1863. Le couple aura cinq filles : Alice, secrétaire, née à Arras en 1889, † Draguignan en 1967 ; Julia, institutrice, née à Arras en 1891, † Draguignan en 1971 ; Esther, née à Arras en 1892 ; Jeanne née à Arras en 1894, décède à Draguignan en 1987 et Marguerite, professeur de gymnastique, née à Arras en 1897, † à Draguignan en 1981.
Jeanne épouse Raymond Leleu en 1920 ils ont deux enfants, dont Colette qui sera professeur d'éducation physique




 


Henri Audemars publie en 1895 la première édition d'un Recueil de Ballets et Tournois, comprenant une quinzaine de ballets, dont le Ballet des Faucheurs, musique composée par Gustave Sinclair, mentionné par P. Bollier dans son article.



Il y aura ensuite 4 rééditions (1903, 1910, 1921 et la 5e en 1926), toutes avec les 17 mêmes ballets, ce qui fait 20 publiés au total, car 3 danses de la première édition n'ont pas été reprises dans les suivantes.





Henri Audemars décède à Arras le 2 avril 1923, il était veuf depuis 1905. Son école de Gymnastique était située 10 rue de l'Abbé Halluin, le bâtiment existe toujours.

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Sa fille cadette, Marguerite Audemars a également publié un Nouveau recueil, Danses et Ballets pour enfants et Jeunes Filles, en 1932, la seconde édition parait en 1947. Elle était professeur d'éducation physique au Collège de jeunes filles et à l'Ecole Normale d'Institutrices d'Arras, monitrice de l'Institut régional d'Education Physique de l'Université de Lille et membre diplômée de l'Union des professeurs de danse de France. Elle est morte à Draguignan en 1981.
 

 

Paul David Van Hooland
Est né à Croix le 29 novembre 1888, fils de Jean Baptiste Vanhooland, mécanicien, né à Roubaix en 1860, et Rosalie Caucheteux, née à Lannoy en 1863. Son père représente l'association de gymnastique La Patriote de Croix, à un cours des moniteurs à Roubaix en 1888. Lors de sa conscription en 1908, Paul déclare la profession d'ajusteur-mécanicien. Il épouse  en 1913 à Roubaix, Gabrielle Derbaudringhien. On n'aurait rien connu de sa pratique de la gymnastique et de la danse sans la publication de son recueil de 17 Ballets, Ballets-Pantomimes, Fééries et tournois inédits, en 1912 (il existe une seconde édition identique, non datée).




Mais la guerre va mettre un terme à son activité. Il est blessé à Mécrin (Meuse) en 1915, la jambe gauche est raccourcie de 6 cm. On le retrouve après la guerre à Paris, domicilié 202 boulevard Saint Germain, puis rue de Charonne, il est employé à la ville de Paris. Nommé 1er commis principal en 1934, il est remplacé en février 1939 après son décès que je n'ai pas encore retrouvé.

Christian Declerck

lundi 20 mai 2024

A. Peter's, professeur de danse

L'énigmatique professeur A. Peter's

par Romain Jarosz (1889-1932)
source : Dansons ! n°94

Si l'on trouve de nombreuses publications portant ce patronyme, la BNF en conserve 7, ce professeur est inconnu de l'état civil. Heureusement, ses ouvrages portent une adresse précise : 105 faubourg Saint-Denis à Paris 10e (photo ci-contre). Avec cet indice tout s'éclaire. Dans l'annuaire on trouve un certain A. F. Bigeard qui exerce cette même profession à cette adresse. L'Almanach du Commerce Parisien publie régulièrement cette annonce : Bigeard (A. F.) professeur diplômé, Faub. St-Denis, 105, près le Bd Magenta, entre les gares du Nord et de l'Est. Leçons au mois, cachets, forfait. Prix modérés. Méthode facile pour apprendre vite et bien. Toutes les danses sont démontrées pas à pas à chaque élève qui commence, dans un salon spécial. On peut assister à une leçon.

Mais ce Bigeard n'a pas été plus facile à identifier ; A. F. ? quels prénoms se cache dernière ces initiales ? Auguste François ? ou peut-être une femme, épouse d'un M. Peter's ? j'ai cherché longtemps et enfin, grâce aux fiches matricules en ligne j'ai finit par trouver le bon : François Bigeard. En fait c'est Joseph, car il est né Joseph pour simplifier les recherches, Joseph donc, est né dans le Morvan, le 25 mars 1868 hameau de Sanceray à Anost (Saône et Loire), fils de Dominique, employé au chemin de fer du Nord et Louise Desbois. La famille emménage à Paris avant 1870. En 1888, lors de son recrutement, il est domicilié à Paris 60 rue de la Chapelle, en 1892, on le retrouve 58 rue de Torcy (à deux pas de la gare du Nord), en 1894 162 rue du Faubourg Saint Honoré, il est professeur de danse. En 1903 il s'installe au 105 même rue, c'est là que le photographe Eugène Atget immortalise son enseigne. En 1904 il épouse Louise Boursier, une jeune Parisienne née le 28 juillet 1880 dans le 1er arrondissement, elle est sa partenaire dans les cours de danse. Le couple aura deux enfants : Robert (1905-1992) et Denise (1906-1996). François (Joseph) meurt à Paris le 30 octobre 1936 et son épouse à Eaubonne (Val d'Oise) le 28 juin 1966.

les seules mentions liant son patronyme, sa profession
 et son adresse
sources : actes de naissances de ses enfants
 
Son parcours de danseur commence au cours d'Eugène Giraudet, en 1895. Il a ensuite publié de nombreuses plaquettes et autres livrets de leçons de danse et Aide mémoire du parait danseur (1923) conservé au Centre National de la Danse. Mais surtout il a fondé puis dirigé pendant 6 ans, de 1922 à 1928, la revue Dansons !, 102 n° sont consultables sur le site du Centre National de la Danse, dans laquelle il publie de nombreux articles.
Christian Declerck
20 mai 2024

Photo de l'immeuble du 105 Faubourg Saint Denis, avec l'aimable autorisation du George Eastman Museum

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source : Centre national de la Danse

collection personnelle

source







mercredi 31 janvier 2024

Esclaves et danseurs par Julie Duprat

à propos de Jean-Baptiste Médor maitre à danser à Caen


c'est ICI

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En complément

"Monsieur de la cabriolle au château" l'intervention sur le même sujet, par Sylvie Granger †, au colloque Château et divertissement, Périgueux septembre 2002. publiée dans Rencontres d'Archéologue et d'Histoire en Périgord, Bordeaux, 2003, p. 129-145



fortune et santé et si tu ne part pas, la gale au dents pendent sept ans
Comtesse d'Hautefeuille, 21/4/1749

mercredi 6 décembre 2023

Danses de caractères en Sarthe

Yves Guillard
source


L'OPCI a mis en ligne une cinquantaine de vidéos filmée par Yves Guillard et son équipe de chercheurs

ICI


vendredi 21 juillet 2023

Charles Narrey, 1818-1892


Il n'est pas professeur de danse, mais sans doute danseur passionné. Il était homme de lettres, auteur dramatique et directeur adjoint des Théâtres de L'Odéon et de l'Opéra.

Il a publié entre autres, deux petits livres qui méritent une place sur ce blog : 

• Les Polkeuses, poème étique sur les célébrités de la polka, par Nick Polkmall (1844). S'il ne signe pas de son nom, il comporte au début cette petite phrase "Honni soit qui mal y polke, Ch. Narrey" qui ne laisse pas de doute sur sa participation.

source


• Ce que l'on dit pendant une contredanse, par Charles Narrey (1863)

source







Les 5 figures du quadrilles
pantalon, été, poule, pastourelle et galop
gravures extraites du livre

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Bergues a donné le jour à un auteur dramatique, Charles Narrey, qui eut son heure de gloire à Paris, au siècle dernier, et qui marqua avec un certain éclat son passage sur deux de nos principales scènes françaises: l'Odéon et l'Opéra.

Né à Bergues, le 10 Août 1818, Charles Narrey était le fils d'un Officier de la Grande Armée. Il débuta dans les lettres en 1847 par un roman intitulé : « Deux heures de mystère » que suivirent successivement : « A l'hôtel Chantereine », « Les amours faciles, " L'Education d'Achille», « Albert Durer à Venise et dans les Pays-Bas », et quantité d'autres œuvres où l'humour s'unit à l'esprit.

Chacun de ses livres fut accueilli par la critique avec une faveur marquée. L'auteur avait de l'esprit et son style abondant et clair était vivement goûté.

Il a écrit pour divers théâtres, outre cette fine et spirituelle comédie : « Comme elles sont toutes », un certain nombre de pièces, entr'autres : « Le passé et l'avenir » en un acte; « Les Notables de l'endroit », en trois actes, représentés à l'Odéon en 1847 ; « Van Dyck à Londres », « La Dame de Trèfle », « Les Fantaisies de Milord », « Le Moulin ténébreux », opéracomique en un acte (1870) ; « Les marionnettes de Justin », comédie en deux actes (1873).

Il donna encore avec succès, aux Variétés : « Les tribulations d'une actrice », en collaboration avec Michel, en 1857, et l'année suivante, « Feue Brigitte » avec Lemonnier; puis, « Trottman le touriste », pièce en trois actes, avec Lopez (12 Novembre 1860) ; « La Bohême d'Argent », avec T. de Langeac, cinq actes (1862) et « Le Capitaine Amadis », comédie en un acte (1865). Les derniers jeunes gens (1868) ; Le Temple du Célibat (1870): Le Bal du Diable (1874) ; Ce que peut l'amour (1878) ; La Dame aux griffes roses (1879). Albert Bril (BUF 1930)

la suite ICI



Ses œuvres à la BNF qui le fait naître en 1825, et mourir en 1895


Il est bien né à Bergues le 10 août 1818, au Marché aux Pommes, fils de Pierre François Thomas, capitaine du 5e régiment de lancier d'Angoulême, né à Dunkerque en 1777, sa mère Anne Thérèse BON est née à Bergues en 1787. Son décès est enregistré le 26 novembre 1892, 29 rue Clauzel, Paris 9e, il est inhumé le 29 dans une tombe provisoire, son cercueil est transféré le 27 novembre 1895, d'où sans doute l'erreur de la BNF.


lundi 6 mars 2023

Henri Cellarius, éléments biographiques

mise en ligne le 7/4/2013
mise à jour le 11/9/2022 : ajout d'un lien sur les origines de la famille Cellarius
mise à jour le 6/3/2023 : ajout d'une gravure concernant le neveu

collection personnelle



Henri Chrétien CELLARIUS est né à Paris le 12 mai 1805, fils de Chrétien Henri et Aimée Marie Anne HUGOT. Il est danseur soliste au théâtre de Rio Janeiro* quand il y épouse le 2 octobre 1826 Hélène Marguerite MAJINOT, dite Héloïse MAGINOT, très jeune danseuse née vers 1812 à Paris, qui l'année précédente était première danseuse au Théâtre de la Gaité à Paris. Elle décède en 1848 à Meudon, son époux étant “absent depuis longtemps”. Henri se remarie en 1865 avec Marie Albertine DUPAS, professeur de danse, née à Jallieu (Isère) le 2 octobre 1836. Il est domicilié 47 rue Vivienne, à côté de sa salle de danse située au 49, c’est là qu’il décède le 19 mai 1876. Sa sœur, Louise Aimée, dite Clara, également professeur de danse au 55 de la rue Vivienne, est née le 11 février 1812 à Paris et décédée à Saint Maurice (Val de Marne) le 26 mars 1869. Elle a un fils naturel, aussi professeur de danse, Henry Alexandre CELLARIUS, dit “le neveu”, né le 10 mai 1839 à Paris 3e. Le 15 décembre 1866 il épouse Marie Alexandrine DUBREUIL, née à Saint Hélier, dans l’île de Jersey, le 9 décembre 1841. Il décède à Paris le 1er février 1902 au 25 faubourg Poissonnière.

Christian Declerck

* merci à Fernando Santos Berçot qui m'a signalé cet épisode de la vie de H. Cellarius. Plus de détails sur le séjour brésilien du couple Cellarius dans son mémoire de maîtrise "As funções do palco: Ópera, ballet e crítica de espetáculos no Rio de Janeiro do Primeiro Reinado" soutenu en mai 2013 à l'Universidade Federal do Rio de Janeiro.

L'origine allemande de la famille Cellarius est démontrée ICI, merci à Yves SCHAIRSEE





Henri Cellarius
source





L’origine du cours de valse de Cellarius

  Les Petits mystères de l





La danse des salons

 



la fin du cours Cellarius 


Paris amoureux, par Mané


Son neveu (1839-1902) prend la suite de son oncle qui lui ordonne, par voie de justice,
d'accoler la mention "neveu" sur son enseigne et sa publicité

passage de l'Opéra, galerie du Baromètre
source Gallica
merci à Agnès Unterberger qui m'a signalé 
ce document non référencé