vendredi 30 mai 2025

Estelle Bernardin, professeur de danse

source Gallica

 Mme FELTMAN, née Estelle Bernardin
PROFESSEUR de DANSE DANS PLUSIEURS 
ET LES PRINCIPAUX PENSIONNATS RELIGIEUX
DE BOULOGNE
De l'académie royale de musique, élève de M. et Mme Gardal [Gardel*], Coulon** et Albert***, donne des leçons particulières, tient son académie Place Navarin, n° 4,
La méthode de Mme Feltman consiste dans des leçons consciencieuses, et sa grande patience à exécuter par elle-même tous les pas devant ses élèves, et à leur donner de la grâce, du maintien qu'une femme seule peut apprendre à son sexe, et cela sans le secours de l'anatomie.
En sa qualité de chorégraphe, elle démontre tous les pas de caractères, la marche, les exercices des bras, les révérences, l'entrée dans un salon, et à la demande des parens, de petits divertissemens de société. Cours de Polka.
 
C'est l'annonce qu'elle fait publier dans L'Almanach de Boulogne-sur-Mer en 1846-1847. Comment est-elle arrivée à Boulogne ?
Edmée Estelle Bernardin est née à Vermenton (Yonne) le 21 février 1806, fille d'Alexandre, officier de santé qui y décède 5 ans plus tard et d'Adélaïde Acremant originaire de Lille.
On peut suivre dans la presse (principalement Le Courrier des Théâtres) son parcours professionnel. Elle est admise pour ses débuts à l'Opéra en août 1826, elle s'y produit le 9 septembre dans un pas de trois, puis le lendemain dans Paul et Virginie. Le 12 octobre, ses second débuts, elle a "obtenu un nouveau succès pour sa vigueur et son aplomb, son visage a été plus riant que la première fois". Le 13 novembre "Entière réussite, mais ses cheveux tombent à la fin de son pas, d'ordinaire les coiffures qui se font là, tiennent mieux". Le 5 décembre le journal annonce son départ de l'Opéra, sans donner la raison, malgré un soutien de la presse. "Mlle Estelle Bernardin, qui a donné, avant-hier, ses débuts à l'Opéra, nous a paru digne d'une mention particulière, tant son sort nous semble en opposition avec les heureux commencemens de talent qu'elle a montrés et qui sont ses seuls protecteurs. Si cette jeune personne en avait d'autres, nous ne la soutiendrions pas ; mais elle est arrivée sans intrigue, et, selon nous, elle s'en va sans raison. Une lettre des ses supérieurs en prive le théâtre où elle aurait pu rendre de grands services, et la condamne à aller fire fortune à l'étranger. Comme ce sera au dépens du public de Paris, il est juste de s'en plaindre en son nom. A chacun de ses débuts, Mlle Bernardin a obtenu un succès d'autant plus mérité que ni la prévention, ni la légèreté n'y ont présidé ; on a bien regardé cette danseuse avant d'applaudir, et, certes, la dernière fois, elle s'est encore mieux acquittée de son pas que toutes les autres. Est-ce un motif pour ? … …"
Le 3 février 1827 elle est à Bruxelles et danse les ballets de Cendrillon, Zemire et Azor, etc. En octobre 1827 elle est à Liège, puis en septembre à Maastricht, avec M. et Mme Benoni, elle danse Almaviva et Viva, ballet en trois actes. En 1828 elle se produit au théâtre Lafayette, à New York, où elle est remarquée par le prince Joseph Napoléon ; en 1830 et 1831 elle est à Bordeaux. Vers 1830 elle épouse Auguste Feltman, artiste dramatique et régisseur du théâtre de Liège en 1837. En 1832, elle danse à Bruxelles et en 1833-1834 à Boulogne sur Mer. Fin de sa présence dans la presse, et c'est sans doute aussi l'époque de son installation dans cette ville. Une annonce est publiée en 1841 : "Mme Feltman, donne des leçons en ville, et tient chez elle une école de danse, rue du Mont à Cardon, n°26". Après 1847 elle quitte Boulogne pour Paris et devient ensuite dame de compagnie.
Domiciliée à Neuilly, 2 place Saint Vincent de Paul, elle meurt le 3 juillet 1860, à l'hôpital Beaujon à Paris, toujours épouse d'Auguste Feltman. 

Christian Declerck
29 mai 2025



extraits du plan de Boulogne-sur Mer (Gallica)

* Pierre Gardel, 1758-1840
** Jean-François Coulon 1764-1836
*** François Decombe ALBERT 1787-1865
source : Gallica et Philippe Van Aelbrouck, Dictionnaire des danseurs à Bruxelles de 1600 à 1830
 
 
 
source Filæ.com

 

source Gallica

vendredi 18 avril 2025

Prosper le polichinelle

C'était l'animateur des bals d'enfants de la bonne société dunkerquoise au tournant du XXe siècle.

collection personnelle
 
[…] Le père Prosper que j’ai rencontré, il y a quelques années, sur les grands boulevards, lors d’un passage à Paris, était à cette époque artiste à la Comédie Française ; c’est lui qui, en culotte courte et en livrée, apportait sur un plateau, la lettre de la marquise. Le brave homme portait à la boutonnière un ruban d’officier d’académie large comme une jarretière de mariée. Il a quitté, m’a-t-on dit, le théâtre et est quelque part, aux environs de Paris, à Bécon les Bruyères, je crois, conseiller municipal. Tous ceux qu’il a appris à danser, non le fox-trot, ni le shimmy, fantaisies inconnues de son temps, sont aujourd’hui pour la plupart de graves personnages qui ne doivent tout de même pas avoir oublié le rutilant polichinelle du Kursaal, et aussi Pladys, artiste et directeur d’un théâtre subventionné à Malo.
Jean des Darses (Charles BOLVIN 1867-1923) dans le Nord Maritime du 19 mai 1922. C'est Ch. Bolvin qui a fait la photo de Prosper en Polichinelle publiée en carte postale.
 
collection privée
 
Je n'ai pas de certitude sur l'identité de Prosper. Voici le résultat de mes recherches.
Relevé chronologique des mentions des activités de Prosper le Polichinelle
- 1885 : première mention sur l'affiche de la saison juillet à septembre du Kursaal de Dunkerque
- 1886 : membre de la troupe du Kursaal comme "utilités"
- 1888 : comique grime de la troupe du Kursaal
- 1891 : comique marqué de la troupe du Kursaal, direction M. Cholet
- 1892 : Kursaal de Dunkerque, bal d'enfants sous la direction de M. Andréani, professeur de danse du Casino de Nice, avec le concours de M. Prosper, original Polichinelle
- 1898 : Kursaal de Dunkerque, grand bal d'enfants avec le concours de Polichinelle (Prosper).
- 1899 : Kursaal de Dunkerque, bal d'enfants avec le concours de Polichinelle
- 1905 : Kursaal de Dunkerque, matinée donnée au profit de Messieurs et Dames du chœur et de Polichinelle  (l'ami Prosper).
- 1907 : Au parc de la Marine à Dunkerque, bal d'enfants avec farandole conduite par le bon Prosper, le sémillant polichinelle du Kursaal
- 1910 : membre de la troupe du Kursaal, chargé de la publicité et 3e comique
- 1911 : membre de la troupe du Kursaal, chargé de la publicité et comique de vaudeville de la troupe du Kursaal
- 1911 : Jardin colonial du Bois de Vincennes, fête avec ronde enfantine conduites par Polichinelle Prosper artiste du Théâtre des Nouveautés 
- 1913 : membre de la troupe du Kursaal
- 1914 : Vanves - Lycée Michelet, fête du cinquantenaire - A noter dans le parc le bal d'enfants conduit par Polichinelle (Prosper) et le théâtre de Guignol
C'est la dernière mention relevée.
sources : Le Petit Dunkerquois, Dunkerque Artiste, La France Théâtrale, Le Mémorial Artésien, L'Entente Cordiale, Le Grand Echo du Nord, Le COurrier Populaire de Dunkerque, Dunkerque Sport, La Presse, Cœmédia et Le Nord Maritime.
 
J'ai cherché un Prosper ayant habité Bécon les Bruyères, je n'en ai trouvé qu'un dont les dates de naissance et décès pouvaient coller au personnage : Prosper Aimé MAUBERT. Il est né à Paris 6e le 8 février 1847, ses parents n'étaient pas mariés, ils ont reconnu leur enfant 3 mois plus tard.  La mère, Marie Philiberte Zoé est décédée à Paris en 1889, et le père probable est mort en Allemagne quelques années plus tôt en 1886 à Wiesbaden. Sur son acte de mariage, en 1881, Prosper se dit employé. Il épouse une ouvrière en dentelles, Jeanne OLLIER, née à Orléans, qui décèdera à Paris en 1921. En 1911, il est décoré de la médaille d'honneur du travail, il est alors inspecteur de la Cie d'assurances contre l'incendie La France. Prosper meurt à Courbevoie le 5 octobre 1927, à Bécon les Bruyères, précise même la table des Successions de Courbevoie.
 

Je n'ai pas trouvé de mention d'activité d'artiste associé à son nom dans les actes d'état civil, mais… il a été nommé officier d'académie en 1890, comme professeur de dessin industriel à l'association Philotechnique de Neuilly à Courbevoie et également officier de l'instruction publique au même titre. Ce qui concorde avec le témoignage de Jean des Darses, c'est peu, mais j'ai un indice supplémentaire, il était domicilié 28 puis 32 rue de Bécon à Courbevoie, Bécon les Bruyères étant un quartier de Courbevoie. J'ai contacté la mairie de Courbevoie pour leur demander s'il y avait eu un Prosper parmi les anciens conseillers municipaux, sans résultat. Il a bien réussi à cacher son identité véritable.
 
Christian Declerck 18 avril 2025
 
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Le Kursaal de Dunkerque, acheté à ville d'Ostende en 1878, démonté en 1935
 

une salle qui pouvait servir pour un cours de danse

la scène est prête pour l'orchestre vers 1910

prête pour le bal, autre configuration avant 1900

 
Polichinelle est devenu le géant du Carnaval de Malo-les-Bains dès 1907, puis encore dans les années 1920
 
 
1907
 
1924


 

jeudi 3 avril 2025

Radiographie du bal (Série audio)

mis en ligne le 4/3/2025
mise à jour le 3/4/2025 


Nouvelle série par Péroline Barbet – M*Ondes audio : Radiographie du bal – une série documentaire audio sur le bal trad. Quand la danse se donne à entendre.

Une série pour donner le goût du bal et comprendre la danse.
De quoi parle-t-on quand on dit « bal » ? Le bal trad, ce phénomène longtemps passé hors des radars, existe pourtant depuis les années la fin des années 60 et connait actuellement un regain d’intérêt.

En France et en Europe, ses formes sont très diverses, preuve de son dynamisme. Alors, revenons sur l’histoire, les évolutions et les controverses qui animent ce milieu. Entre fidélité aux sources et désir de création, préoccupations musicales et utopies sociétales, désir de convivialité et recherche du beau geste; tirons les fils cachés du bal. Comme une « petite radiographie du bal » en somme, qui mêle musiques, témoignages de danseurs, de musiciens et de chercheurs.

épisode 1 : L'expérience du Bal

épisode 2 : Les strates du bal

lundi 31 mars 2025

Tranquille FERAY, maître de danse

 La Bibliothèque de Boulogne sur Mer conserve un petit livret pour la danse, intitulé : Le Guide des Danseurs, ou Recueil contenant l'explication de 12 contre-danses nouvelles, offert par Tr. FERAY, aux amateurs de l'art chorégraphique qui habitent la ville de Boulogne. Prix 2 francs, imprimerie de Le Roy-Berger à Boulogne, 1817. Ce recueil a été exhumé par Marie Christine et Patrick Bollier dans le cadre de leurs recherches sur la pratique de la danse de salon à Boulogne sur Mer, qui doivent déboucher sur une publication qu'on espère prochaine.

 
Les danses portent toutes comme titre un patronyme anglais : miss Homfray, miss Heatly, miss Emmett, miss Bucley, miss Llhyd, miss Russell, miss Hartman, miss Larking, miss Dawson, miss Whitelocke, miss Lovelace, le seul titre français est “Les plaisirs anglais (pas de la Béarnaise)”, hélas il n’y a pas de musique.

    Pierre Jean Tranquille FERAY est né à Saint Romain de Colbosc (Seine Maritime) le 18 février 1778, fils de Pierre louis, horloger, (1745-1812) et Anne Rose TOCQUEVILLE (1750-1823). Il épouse à Boulogne sur Mer le 5 août 1812 Elisabeth JEANSON, fripière, née à Oranjestad (Caraïbes) le 3 mai 1774, elle meurt à Boulogne le 11 février 1843, survivant de 6 années à son époux décédé le 16 janvier 1837 à l'hospice de la ville.

Tranquille Feray est témoin au mariage de Charles Alexandre PERIN, professeur de grammaire, le 23 avril 1817, fils de Charles Joseph, instituteur de danse et frère de Charles François, maître de danse, à l'origine de la nombreuse famille des PERIN professeurs de danse à Boulogne sur Mer puis à Paris.

Il est également témoin à la naissance de Rose Eliza WOISLIN le 16 février 1824, fille de Jean Baptiste, musicien, professeur de musique (actif entre 1822-1829), lui même fils d'Antoine, cabaretier et musicien, lui même fils de Jean Baptiste ménétrier et cabaretier né en 1741.


samedi 4 janvier 2025

Les Chatroussat, de père en fils


collection particulière


 La "dynastie" Chatroussat, professeurs de danse, commence avec Laurent Désiré qui est né à Dunkerque le 22 mars 1830, fils de Pierre, cabaretier puis cocher, originaire d'Auxerre, il épouse à Dunkerque en 1821 une Liégeoise, Marie Boussar, qui meurt à Dunkerque en 1823. Il aura trois enfants avec sa seconde épouse, Antoinette Crépin, né à St Pierre les Calais en 1802, dont Laurent Désiré né le 22 mars 1830, qui réside 13 rue de Paris. Il est cordonnier, maître bottier, mais en 1872 il déclare la profession de professeur de danse dans l'acte de mariage de sa nièce Irma Malvina. Il meurt en 1881 et laisse deux fils, dont Gustave Laurent Constant, né le 25 mai 1853, 13 rue de Paris : Professeur de danse et de maintien. Il apprit la chorégraphie à Paris et eut comme professeur M. Renausy de l'Opéra. Pendant de nombreuses années il fut professeur dans les lycées et pensionnats de la région du Nord et du Pas-de-Calais. (Dictionnaire biographique comprenant la liste et les biographies des notabilités du département du Nord, 1893)
Le 20 novembre 1883 à Dunkerque, Gustave épouse Léonie Waeterloot (née à Dunkerque en 1862) ils demeureront à Dunkerque rue du Fort puis 13 rue Thévenet. Gustave décède le 25 novembre 1906 à Lille, dans son domicile, 43 rue Jacquemars Giélée, il est professeur de maintien. Leur fils, Marcel, né à Dunkerque le 22 janvier 1888 élève de son père et de M. Givre [successeur de Renausy] de l'Opéra de Paris, lui a succédé et fait également partie de l'Académie des professeurs de danse de France (idem), exerce la profession de professeur de danse à Lille jusqu'au moins en 1936 au domicile de ses parents. Il publie régulièrement des annonces publicitaires dans l'Annuaire des Artistes. En 1913, à Wormhout, il épouse Jeanne Dezitter et devient ainsi le beau-frère d'Augustin Collesson, artiste sculpteur renommé. Il meurt à Lille en 1976, son épouse était décédée cinq ans plus tôt.
 
Christian Declerck
4 janvier 2025