samedi 12 novembre 2022

Professeurs de danse à Saint-Omer

Dans la presse, j'ai relevé plusieurs professeurs ou maîtres de danses exerçant à Saint-Omer au début du XIXe siècle.

BERTHELEMI Jean François Joseph : ° Saint Omer vers 1775, † après 1834, épouse à Saint Omer, Marie Thérèse CARON le 16 novembre 1797 (26 brumaire an 6). Exerce aussi la profession de chirurgien.
4/6/1835 : Vente aux enchères, le mardi 16 juin 1835 d’une superbe maison, dite le salon des arts, située à St Omer, rue des Six Fontaines n°15 bis, appartenant à M. Berthelemy, professeur de danse. L’acquéreur pourra conserver la majeure partie du prix, soit pour un terme limité, soit à une rente viagère.
Mémorial Artésien du 6 juin 1835

CHRETIEN Louis Adolphe : ° Saint Omer le 19 février 1804, † après 1840, épouse à Saint Omer, Emélie Thérèse Joseph CORNET le 7 mai 1834.
Le sieur CHRETIEN-CORNET, professeur de danse avantageusement connu, Litte rue n°15, à St Omer a l’honneur de prévenir ses concitoyens qu’il donne des leçons en ville et chez lui. Il espère mériter la confiance des parents qui voudront bien lui confier leurs enfants.

Mémorial Artésien du 26 novembre 1837

Le sieur, CHRETIEN-CORNET professeur de danse, ci-devant Litte rue Haute n°15, demeure maintenant rue du Marché aux Herbes n°61, où il continuera à donner des leçons aux élèves qui lui seront confiés.

Mémorial Artésien du 30 juillet 1840


MASSET François Marie : ° Roquetoire le 22 mars 1810, † Lille le 30 mai 1875, épouse à Saint Omer, Marie Ambroisine QUENIVET le 5 septembre 1838, puis Reine Sophie DEVRIENDT le 3 octobre 1853. Exerce aussi la profession de perruquier.

M. MASSET professeur de danse, rue de Dunkerque, n°172, à St Omer, a l’honneur de prévenir qu’il recommence à donner des leçons en ville et à son domicile.

Mémorial Artésien du 17 novembre 1841


MURAS Louis Didier, dit TOURNEUR : ° Maastricht (NL) le 26 juillet 1801, † après 1870, épouse à South Brent (GB) Elizabeth BILBIE le 24 septembre 1825. Il est le fils de Jean Pierre, tambour maître, et Jeanne Joseph Victoire SIDRAC, professeur de danse, ° Douai le 19 août 1772, † Calais le 24 juillet 1853.

M. L. TOURNEUR professeur de danse à Calais, étant appelé à St Omer pour y donner des leçons, prie les familles et les pensionnats qui désireraient l’employer de s’adresser les mardi et jeudi rue Sainte Catherine, 20, rue de l’Ecritoire 6 ou au bureau du Mémorial.

Mémorial Artésien des 20, 24 mai et 3, 10 juin 1854


VENTOUILLAC Guillaume Marie : ° Lavaur (Tarn) vers 1763, † Saint Omer le 23 août 1811, épouse à Calais, Jeanne Françoise COURQUIN le 4 février 1788.

Le sieur Ventouillac, professeur de danse, ayant exercé cet art pendant 22 ans à Calais, actuellement domicilié à Saint Omer, rue du Brûle n°59, où il a ouvert sa salle, a l’honneur de prévenir ses concitoyens qu’il se transportera chez eux, lorsqu’il voudront bien l’honnorer de leur confiance qu’il espère mériter par son exactitude et sa méthode d’enseigner […]

Feuille de Saint Omer du 27 mars 1811


L'annonce détaille les danses qu'il enseignera, dont celles qui sont de sa composition :




avant son départ, sa maison de Calais est mise en vente :



Feuille de Saint Omer, 12 août 1809

on peut la localiser sur ce cadastre de 1830, peut-être la parcelle n°474 ou 475 ?




Calais, le coin de la place d'Armes vers 1930
où se situait la salle de danse Ventouillac


VIGEON Pierre Julien : ° La Lande-Vaumont (Calvados) le 8 avril 1794, † Caen le 30 avril 1868, épouse à Béthune Joséphine PÉRÈS le 12 janvier 1827, il est porteur d'un congé provisoire du 50e régiment d'infanterie de ligne à Arras.

Mr VIGEON professeur de danse et élève de l’académie, a l’honneur d’informer le public qu’il vient de se fixer en cette ville, où il propose d’enseigner aux personnes qui voudront bien l’honorer de leur confiance, toutes les danses les plus modernes, ainsi que tous les pas qui servent à donner à l’élève le maintien et les grâces toujours nécessaires à ceux qui aiment cet amusement. Sa demeure est rue Lafayette n°14, où est disposée une salle de danse.

Mémorial Artésien du 6 octobre 1831

Le sieur VIGEON, professeur de danse, rue du Mortier, n°27 à St Omer, arrivant de Paris où il a été étudier les danses les plus nouvelles, telles que les chassés et enchaînemens pour la danse de société, les galopes, les mazurk, ainsi que les danses de caractères, continue de donner des leçons chez lui et à domicile.

Mémorial Artésien du 9 septembre 1832

Le sieur VIGEON, professeur de danse, a l’honneur de prévenir qu’il a quitté sa maison, rue du Mortier, pour habiter celle rue des Clouteries n°6, à St Omer ; qu’il continuer à donner des leçons de danse tous les jours depuis six heures du soir jusqu’à neuf, et les lundi, mardi, jeudi et samedi, depuis midi jusqu’à deux heures.

Mémorial Artésien du 20 janvier 1833

Le sieur VIGEON, professeur de danse, a l’honneur de prévenir qu’il a quitté sa maison, rue de l’Arbalète, pour habiter celle du Marché aux Herbes, n°61.

Mémorial Artésien du 2 janvier 1834

Le sieur VIGEON, professeur de danse, a l’honneur d’informer qu’il vient de quitter la maison qu’il occupait Marché aux Herbes, pour habiter celle de madame veuve FUMEY, enclos de la Cathédrale, vis à vis le grand portail, où il continuera à tenir une école de danse, pendant toute l’année.

Mémorial Artésien du 30 octobre 1834

15 avril 1835 : à Dunkerque, délivrance d'un passeport pour l'intérieur, demeure à Saint Omer, porteur d'un passeport délivré à Saint Omer le 18 août 1832, allant à Paris.



lundi 17 octobre 2022

Renausy et successeurs

Dans cette école, plusieurs générations de danseurs se sont succédés pour enseigner les danses à la mode. L'exemple de deux professeurs de danses dunkerquois, le père et le fils Chatroussat, m'a servi de guide pour essayer d'identifier leurs professeurs : Renausy pour Gustave (1853-1906) et Givre pour son fils Marcel (1888-1976). Fait assez exceptionnel, l'école n'a pas changé d'emplacement pendant près d'un siècle, située idéalement au n°2 du boulevard Saint Denis, tout près de la porte Saint-Martin. Ce monument, très souvent photographié pour les cartes postales, faisait en même temps de la réclame pour le cours dont l'enseigne est très visible en arrière plan.



quelques exemples, il en a des centaines


Jacques Achille André François RENAUSY, le fondateur du cours, est né à Paris 5e le 10 juin 1819, fils  d'un maître de danse et maître de ballet, Jacques né vers 1786 et mort en 1852, époux de Marie Victoire GAIDORT (ou QUIDORT) dont aucune information n'a pu être trouvée. Jacques fils fonde son cours de danse en 1848 d'après le Bottin. Il est aussi un compositeur fécond, la BNF conserve plus de 160 partitions de danses de salon éditées entre 1853 et 1888. Il publie aussi une méthode de danse en 1861. Il a, semble-t-il, eu deux épouses. La première, Denise PLUS qui lui donne un fils en 1837 et avec qui il se produit dans une danse espagnole en 1841, n'a pas laissé d'autres traces. Il épouse la seconde, Catherine CHEVIET en 1856, veuve d'Augustin LASSERAY (1811-1855), dessinateur, dont elle a une fille, Henriette qui a épousé un an plus tôt Eugène CLEMENT, photographe et futur directeur, avec son frère Jean, du Parc d'Idalie du bois de Vincennes (voir ci-dessous). Parc où Jacques RENAUSY règle les cotillons et dirige l'orchestre avant 1870. En 1879, au décès du mari de sa belle mère, Charles François Eugène CLEMENT (1824-1905) prend naturellement la succession du cours de danse qu'il transfèrera ensuite à Vincennes 61 rue du Kremlin, laissant la direction du cours du boulevard Saint Denis à Léon FOURNIER, professeur de danse qui y donnait des cours élémentaires depuis quelques années.

collection personnelle

Léon Charles FOURNIER est né à Versailles en 1855, fils de Louis, limonadier et Eglantine DAMMÊME, il enseigne la danse avec son épouse, Lucie MAILLE (1863-1931), de 1880 à 1899 au 2 boulevard Saint Denis. Il cède le fonds à Jules GIVRE qui enseignait dans son cours depuis 1896.

Jules Louis GIVRE nait à Paris 9e le 20 février 1871, fils de Jean (coiffeur) originaire de Toulouse et Marie BISENS, née à Oloron Saint Marie. En 1902, Jules GIVRE édite un traité de danse, "moderne et complet" comme il se doit. Il édite aussi des partitions de danses de salon. Il vend le fonds vers 1904 à Charles LEFORT. Toujours professeur de danse en 1923, quand il meurt en 1926, il est artiste lyrique.

Charles François LEFORT, ancien peintre décorateur, est né à Vincennes en 1878, fils de Georges (serrurier) et Emma CHABAROCHE. Il épouse à Paris en 1903, Georgette ALTSCHUH, né à Paris 5e en 1881. Il enseigne la danse avec son épouse jusqu'à la déclaration de guerre. Il meurt au front en 1915. Son épouse reprend la direction du cours, et y enseigne les danses à la mode seule, puis avec son fils Georges né en 1905. En 1919, Mme LEFORT est élue présidente de l'association des Professeurs de Danses. Elle enseigne la danse à la même adresse au moins jusqu'en 1940. Entre temps elle a publié plusieurs manuel de danse : La Danse, de la valse au fox trot (vers 1920), Les Danses à la mode (1922) et Pour apprendre la danse (1927). Georgette meurt en 1978 à Ris Orangis, après son fils décédé en 1975.

collection personnelle


Christian Declerck
17 octobre 2022


Quelques documents


Renausy père 1822


Renausy père 1845


Bottin 1857


parc d'Idalie à Vincennes


décès Catherine Cheviet 1877


décès Jacques Renausy 1879

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Aide mémoire des quadrilles (ca 1908)
collection personnelle

décès Eugène Clément 1905

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Jules Givre professeur

Jules Givre 1923

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naissance Georges Lefort 1905


recensement Lefort 1926


Georgette et son fils Georges Lefort
collection personnelle


mardi 6 septembre 2022

Markowski, aussi, avait un prénom

Aussi célèbre que Henri Cellarius et Bernard Laborde, ce professeur de danse a marqué son époque. A sa mort, quelques entrefilets dans la presse, sauf dans le Figaro qui publie une nécrologie à la Une.

Source

COURRIER DE PARIS. 
Mon confrère du Courrier des théâtres a enterré hier, en trois lignes, un Polonais qui depuis dix ans tenait dans quelques bastringues, champêtres l'emploi de glorieux débris, mais qui eut son heure de célébrité dans Paris. Ce décès n'est pas précisément un deuil national, mais le défunt Markowski mérite mieux que trois lignes à la fin de notre journal. En intervertissant l'ordre de la troisième et de la quatrième lettre de son nom, Paris avait, aux environs de 1860, donné à Markowski un sobriquet qui lui est resté jusqu'à la fin. Non que le professeur de danse fût un malhonnête homme, mais comme son métier consistait à lancer de petites femmes dans la circulation en conviant à ses soirées la fleur de la gomme pour faire vis-à-vis à ces inconnues, le sobriquet n'avait rien d'exagéré et ne pouvait en aucun cas porter atteinte au caractère de ce Polonais. Au fond ce fut un ambitieux, affolé de célébrité, et l'établissement qu'il tenait, il y a quelque vingt ans au fond d'une allée de la rue Buffault, peut être considéré comme la dernière étape de la Bohême artistique, qui a disparu de nos mœurs à ce point que la reprise d'hier de la pièce de Barrière et Thiboust, semble être le tableau d'un autre siècle.

Le cours de danse que Markowski tenait rue Buffault* et dont l'année 1860 fut l'apothéose est la dernière étape de la vie de bohème ; la plupart des hommes qui tiennent aujourd'hui une place dans la littérature, la politique ou les arts, ont jeté leur gourme dans les salons de Markowski. Le Polonais surgit un beau matin sur le pavé de Paris, sans qu'on sût au juste d'où il nous était arrivé ; il avait fait le voyage de la Vistule à la Seine, suivant la grande route, le sac sur le dos, un puissant bâton à la main, vivant de temps en temps dans quelque grande ville de son métier de relieur. Un soir, dans un caboulot de barrière, il exécuta une danse nationale polonaise et son succès fut tel qu'il flaira là tout de suite une source de prospérité. Il s'établit professeur de polka et de mazurka et vint, peu 
à peu, exploiter, son art au cœur de Paris, comme les garçons de café qui partent de chez un mannezingue [marchand de vins] de la barrière et finissent propriétaires d’un café richement doré sur les boulevards. Quand Markowski ouvrit son entreprise rue Buffault ; ce fut comme une traînée de poudre parmi les jeunes d'alors qui ne passaient pas, leurs soirées à tirer une petite dans les cercles et ne demandaient qu'à s'amuser. C'est le jeu qui a tué la jeunesse parisienne, qui ne sait plus rire parce que d'un bout à l'autre de l'année elle court après les louis qu'elle a perdus la veille ou les louis qu'il lui faut pour se refaire le lendemain. Le tripot a remplacé le bastringue.
Les salons de Markowski avec sa fontaine d'eau de Cologne qu'un fabricant alimentait pour se faire de la réclame, ont été le berceau d'une génération de cascadeuses dont l'espèce a disparu ; elles s'amusaient réellement sans le moindre souci du riche étranger, et elles s'accommodaient parfaitement d'une tranche de jambonneau pour tout souper ; c'étaient des bohèmes, elles aussi de temps en temps j'en retrouve une dans les ballets de féerie, qui, après avoir gaspillé sa jeunesse, gagne ses soixante-quinze centimes par soirée à remplir un rôle de sirène au fond d'un aquarium. Quelques-unes ont disparu, comme cette fameuse Rigolboche qui éleva l'art du grand écart à la hauteur, d'un événement parisien ; Finette qui eut des années de vogue, ou Nini Belles-Dents, dont l'histoire n'a pas gardé le souvenir, l’ingrate. Beaucoup d'autres, parmi les cascadeuses de chez Markowski ont traversé les petits théâtres; elles jouent maintenant les Mère Thierret en province ; deux ou rois ont redoré les blasons de gentils-hommes décavés. Ce qui faisait surtout que les salons de Markowski étaient recherchés par toutes les jolies femmes du temps, c'est que la clientèle de vaudevillistes, de journalistes et d'acteurs, qui tous avaient leurs entrées gratuites, pouvaient servir de trait d'union entre les cascadeuses et les directeurs ; les hommes ne payaient pas, les femmes dansaient gratis ; le café faisait crédit ; on avait son ardoise au café de Markowski, je sais un homme, fort bien posé aujourd'hui dans son département, qui dut jusqu'à quinze cents francs au buffet et qui, comme le Rodolphe de la Vie de Bohême, répondit au garçon qui lui présenta sa note :
— Que me parlez-vous d'argent ? Est-ce que je vous en demande, moi ? 
De temps en temps, on voyait surgir dans les salons quelques touristes étrangers, conduits par un guide d'hôtel. Markowski les montrait comme des objets de haute curiosité à ses habitués, en disant avec satisfaction : « Ils ont payé ! Bonne soirée ; mes salons sont combles ; la recette monte à trente francs. Je vous invite à souper ». Markowski, et ceci doit être compté à son actif, n'était pas un homme d'argent ce fut le pire des bohèmes de son établissement, vivant au jour le jour, criblé de protêts, d'assignations, de significations de jugement, de commendements et d'affiches de vente est homme là vivait pour la gloire. Quand, vers deux heures du matin ; il exécutait, aux applaudissements de sa clientèle, la Priska, danse de son invention et dont il prétendait avoir composé la musique, rien ne manquait à sa satisfaction. Hardiment et avec cette insouciance du bohème il offrit un jour à un huissier, venu pour réclamer le paiement d'un billet de cinquante francs, vingt cachets pour ses leçons de mazurka ; chaque semaine il avait son mot dans les échos d'un petit journal ; c'était là-dessus qu'il basait sa vie pour avoir une vieillesse tranquille. En un mot, ce Polonais fut tout à fait quelqu'un dans la vie parisienne. Quelques vaudevillistes consentaient à le tutoyer, ce qui était pour Markowski le dernier mot de la popularité. Des petits journaux, Markowski s'élança par une belle soirée d'hiver sur le théâtre. Blum et Flan lui consacrèrent tout un tableau dans l'Almanach comique, une des plus jolies pièces de cette collaboration si vraiment jeune et parisienne. Sous le pseudonyme de Machinski, l'illustre Polonais fut copié par un acteur qui, sur l'air du Naufrage de Lapeyrouse, chantait chaque soir ce couplet dont toute la salle répétait le refrain :

De mes salons mauresques 
Vous êtes, chers petits cœurs,
Les fleurs
Vous êtes les arabesques, 
Vous êtes les ornements 
Charmants. 
Où la vie est-ell'belle ?
Chez qui fait-on un bail? 
Où l'Eau d'Cologn'tient-elle 
Lieu de pastill's du sérail ? 
Chez qui ? 
Chez Machinski ! (bis)
Gais danseurs, 
Gais noceurs, 
Qu'on se place 
Qu'chaque couple s'enlace
Sans retard 
Prenons part, 
A ce bal chicocandard.

Et ici, toute la salle entonnait ce refrain que tout Paris répéta ensuite depuis la Barrière du Trône jusqu'à l'Arc-de-Triomphe 

A ce bal chic, chic, chic, chic, chic,
A ce bal chicocandard !

Quelle belle poésie, n'est-il pas vrai ? Eh bien, j'étonnerais bien mes lecteurs en imprimant les noms de ceux qui répétaient ce refrain ; en récapitulant tous ces noms j'y découvre aujourd'hui un conseiller de Cour d'appel, un académicien, deux ou trois directeurs de journaux politiques, un général de cavalerie, des auteurs dramatiques et des romanciers en renom, toute la jeunesse turbulente du temps qui poussa comme le dernier cri de la gaieté parisienne, disparue de notre civilisation.

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Ce n'est jamais sans hésitation que j'aborde le chapitre des souvenirs de jeunesse. On risque de passer pour une vieille bête en remontant l'histoire parisienne pour rapporter de cette promenade des points de comparaison entre les temps disparus et l'époque présente. Mais il est une chose certaine, à savoir que si le Parisien a toujours beaucoup d'esprit, il a certes moins de gaieté qu'autrefois. Les jeunes gens entrent aujourd'hui dans la vie avec des appétits que leurs aînés ne connaissaient pas il n'y a plus de bohème proprement dite, cette joyeuse bohème qui, sans un sou dans ses poches, dansait chez Markowski et répétait en chœur les refrains des Délassements-Comiques. A vingt ans, nos jeunes gens endossent l'habit noir et vont au théâtre pour être vus. Il leur faut beaucoup trop d'argent pour qu'ils conservent l'insouciance de leur âge. La femme est devenue un objet de luxe sur le pavé de Paris et d'un prix tel qu'on a recours aux ressources du jeu pour équilibrer son budget. Les soirées sont attristées par les cuites que nos jeunes gens vont chercher avant le dîner dans les tripots, ou par l'impatience d'aller tirer à cinq après la sortie du spectacle. De là cette jeunesse inquiète, ennuyée et ennuyeuse, préoccupée surtout de la correction du plastron. Tout cela s'est encore compliqué de la politique, qui a envahi les jeunes cervelles et nous donne cette génération de Prudhommes de vingt ans qui tirent à cinq, jouent à la Bourse ou ambitionnent une sous-préfecture. Rien de pareil n'existait à Paris au temps où florissait Markowski, rue Buffault la vie toute simple, le désir de rire et de s'amuser dans les prix doux, emplissait tous les jeunes cerveaux ; la fusion n'était pas faite entre ceux qu'on appelait les petits crevés et les petits-bourgeois chaque peintre ne rêvait pas son hôtel avenue de Villiers ; chaque reporter ne demandait pas à gagner ses trente mille francs par an comme entrée de jeu ; chaque lit de boutiquier ne se croyait pas obligé de payer trois cents francs son avant-scène aux premières on traversait la jeunesse sans arrière-pensée d argent, s'en fiant pour le reste aux années qui atténuaient l'exubérance des jeunes gens. C'est chez le Polonais de la rue Buffault que la jeunesse a eu son dernier accès de véritable gaieté parisienne.

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Le Polonais danseur marque donc une étape de la vie parisienne. Si, à la vérité, la profession qu'il exerçait ne peut pas être citée comme un exemple à la jeunesse studieuse, il faut dire, pour l'honneur de la Pologne, que l'ouvrier relieur qu'elle nous avait expédié, et qui devint à Paris une véritable célébrité boulevardière, ne tira pas grand profit de son industrie. Sans doute, c'est quelque chose d'inventer la Friska et la Markowska, d'enseigner à de petites femmes de lever la jambe bien au-dessus du niveau ordinaire que les professeurs enseignent dans les pensionnats aux petites demoiselles, mais ce n'est pas tout. Il y a le quart d'heure de Rabelais où le propriétaire et les fournisseurs arrivent suivis de nombreux huissiers. Ce fut pendant un temps une véritable chasse au Polonais parmi les recors [sic] de Paris. Mais ce diable d'homme était insaisissable, il disparaissait avant le jour naissant et ne rentrait dans la circulation qu'après le coucher du soleil, c'est-à-dire aux heures où le garde de commerce désarme par la loi. C'est alors que Markowski s'acheminait vers la rue Buffault, allumait le gaz, recevait des invités et empochait les rares pièces de cent sous que lui apportaient les étrangers. Ah les étrangers avec quel empressement Markowski les accueillit. Et quand, par hasard, un Polonais honorait son cours de danse de sa présence, quelle gloire et quel orgueil ! C'est qu'à travers la célébrité parisienne, Markowski avait conservé l'idéal de sa patrie en même temps que son accent. Etre quelqu'un sur le pavé de Paris, c'était bien quelque chose ; mais devenir célèbre sur les bords de la Vistule, quel rêve ! Un Polonais vint, un soir, escorté de deux autres touristes, dont un Russe et un Anglais. Markowski, ivre de joie, jura que ce Polonais était le plus beau jour de sa vie ; il tomba dans ses bras et les deux compatriotes restèrent quelque temps sur la poitrine l'un de l'autre. Markowski offrit du champagne avec les quinze francs qu'il avait encaissés, quoique ses salons fussent bondés par la clientèle gratis. Rigolboche, aux Mémoires de laquelle j'emprunte cette page d'histoire internationale, Finette, Nini Belles-Dents, la belle Hortense, Markowski, le Polonais, le Russe et l'Anglais, quel double quatuor admirable ! Le jour naissant les trouva ainsi autour de la table. Il fallait se séparer. Markowski quitta ses salons au bras du Polonais ; quand ils furent dans la rue, le Polonais dit à Markowski : — Enfin ! je vous tiens ! Le Russe et l'Anglais prirent chacun Markowski par un bras ; on hissa le professeur de danse dans un fiacre crasseux ; le garde de commerce et ses deux aides conduisirent Markowski à Clichy.

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Combien de temps resta-t-il sous les verrous ? Je ne saurais le dire au juste. Un jour les créanciers se lassèrent de payer la pension et les portes de Clichy s'ouvrirent devant ce Sylvio Pellico de la mazourka. Ce fut le commencement de la débâcle : il sortit de Clichy en habit noir et cravaté de blanc, c'est-à-dire en tenue de professeur de danse comme il y était entré l’habit était râpé, la cravate sale, le crâne dénudé par une longue captivité ; la joyeuse troupe de la rue Buffault était dispersée, et quand Markowski essaya de reconstituer son personnel, il n'y avait plus personne. A un moment de gloire suivirent de longues années de détresse le Polonais était démodé on ne dansait plus la Friska : les jeunes gens de la rue Buffault avaient embrassé des carrières plus lucratives que celle de noceur. Les Délassements avaient été démolis ; Flan était éteint et Blum était occupé ailleurs. Parfois le soir, je rencontrais Markowski devant un petit café, chantonnant : A ce bal chic, chic, chic, chic, chic ; mais nul ne se souvenait plus du refrain, qui marque l'apothéose de ce Polonais ; il ouvrit alors un cours de danse au passage de l'Opéra, et quand on montait une revue de fin d'année dans un petit théâtre, aussitôt Markowski accourait et disait : — Si vous avez besoin de petites femmes, j'en ai ! Les nouvelles couches l'ont vu à la foire de Saint-Cloud, au bal des canotiers et dans le bastringue qu'il avait ouvert à Bougival sur un ponton ; Markowski dansait toujours la Friska, mais il suait la misère et quand il gigotait dans un quadrille, sans l'élasticité de ses jeunes années, avec des cheveux maintenant blancs et son teint ravagé par les alcools, on n'avait plus envie de rire, car rien n'est plus attristant que les vieux bohèmes. De tous ceux qui avaient jadis embelli ses salons, un seul resta fidèle à Markowski dans la détresse ; ce fut un vieux déclassé qui traîne ses soixante-dix ans peu respectés dans tous les mauvais lieux, un objet de pitié et de dégoût pour ceux qui l'ont connu autrefois. C'est ainsi que finit avant-hier le Polonais le plus célèbre en France, depuis Poniatowski ; il est mort misérable après avoir tout fait pour passer pour un homme qui vit sur la prostitution. Aucune de celles qu'il a lancées dans ses nombreux cours ne l'a accompagné à sa dernière demeure. On aurait voulu que quelque vieille cascadeuse, jadis pimpante, maintenant dans la dèche, fût, vêtue d'un vieux tartan, devant cette tombe pour saluer l'illustre défunt une dernière fois par ces mots partis du cœur : — Adieu Markowski, adieu !


Le 15, le Courrier des Théâtres en fait sa Une également
et le même jour le Petit Parisien, aussi

+ Le tango de Markowski : ICI et ICI 

* Inaugurée le 20 octobre 1857 en association avec Henri Covary (1819-1884, maître d'hôtel et co-gérant du grand restaurant de la Terrasse Jouffroy boulevard Montmartre), elle doit fermer en juin 1863 pour cause de percement de la rue Lafayette.


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Et le prénom me direz-vous ? il en avait deux : Maurice, donné par son acte de décès le 11 avril 1882 dans le 3e arrondissement de Paris, complété par celui de Meyer (ou Mayer), donné par la publication de sa faillite en 1868, qui le dit professeur de danse et entrepreneur de bals publics. Il a été inhumé au cimetière parisien d'Ivry sur Seine, dans la tranchée gratuite, le lendemain de sa mort.

source : Mairie de Paris

La commune de naissance "Inausratzhawek" mentionnée sur cet acte semblant assez fantaisiste, j'ai demandé de l'aide aux Archives Nationales de Pologne, le docteur Anna Lasluk m'a gentiment répondu que cette ville n'existe pas, que c'est une déformation ; elle me propose deux villes dont le nom se rapproche : Inowrocław et Włocławek. Je laisse aux chercheurs en danse le soin d'approfondir cette localisation.


collection particulière

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En complément cette gravure à l'eau forte de Félicien Ropps, qui illustre le chapitre consacré à la salle Markowski dans Les Cythères Parisiennes d'Afred Delvau.



Description de la gravure extraite du catalogue de l'œuvre de Félicien Ropps : "Une cocotte élégante, de profil perdu à droite, les cheveux dans un filet, drapée dans un long châle clair bordé de ramages qui tranche sur une jupe noire, cause avec deux amateurs d’âge et de costume différents. Le plus sérieux des personnages paraît être le Monsieur à favoris de droite, qui, le chapeau sur la tête, le cigare aux lèvres, la canne dans la poche de son long paletot clair, respire l’assurance d’une richesse mal acquise ; à ses côtés, un gandin à longues moustaches, le monocle dans l’œil, paraît plutôt disposé à se faire aimer pour lui-même ; enfin, un débutant, portant lorgnon, attend respectueusement et chapeau bas la fin de l’entretien, pour entrer en matière et s’efforcer de suppléer, par des égards, aux avantages physiques ou aux ressources pécuniaires."


Le tango au milieu du XIXe siècle ?

mise en ligne le 7/1/2009
mise à jour le 6/9/2022

Le tango argentin a été introduit en France quelques années avant le début de la Première Guerre Mondiale. Mais j'ai trouvé deux mentions de ce mot concernant une danse autour des années 1860. - Dans le "Journal de l'imprimerie et de l'édition" de 1860 (ci-contre) - et dans "Les Cythères Parisiennes" histoire anecdotique des bals de Paris par Alfred Delvau, Paris, 1856 (réédition de Marcel Valtat, Paris, 1979) Au chapitre "La salle Markowski": "En 1848, il [Markowski] obtint la direction des bals d'Enghien et trouva le moyen de s'enrichir un peu là où tant d'autres se seraient beaucoup ruinés [...]. Il fallut reprendre la pochette et courir de nouveau le cachet à pied. Tout en courant ainsi, la pochette sous le bras, Markowski composait : aujourd'hui c'était la scottish, demain la mazurka, un autre jour la friska, un autre jour la lisbonnienne, un autre le tango, un autre jour l'impériale, — danses qui devaient bientôt avoir les honneurs du théâtre, puisque bientôt la friska était exécutée aux Variétés par mesdemoiselles Daudouard et Alphonsine, et la scottish aux Folies-Dramatiques par Céleste Mogador et Christian." page 89

Complément : sur la musique de B.-T. Missler


L'Univers Musical du 1er janvier 1853

mercredi 15 juin 2022

Danser dans la France des Lumières, par Sylvie Granger †

mis en ligne le 2/292019
mise à jour le 15/6/2022, annonce du décès de Sylvie

Vient de paraître aux Presses Universitaires de Rennes





Un mystérieux carnet… nous lance sur la piste d’un maître à danser entreprenant des années 1760, de Mademoiselle sa fille et de leur entourage. À partir de la place du Martroy au cœur d’Orléans, l’enquête s’élargit à la sociabilité urbaine au temps des Lumières. Décentrant résolument le regard, elle éclaire d’un jour nouveau diverses villes du royaume. On découvre les réalités concrètes du métier de maître à danser, installé ou réclamé jusque dans les petites villes. On mesure la place occupée par la danse récréative : loisir, plaisir, passion, elle est aussi objet d’ostentation, conquis grâce aux leçons et à l’imitation. Elle devient signe d’un accès à la mode, mieux, à la modernité. Menuets et contredanses, leçons de danse et bals publics constituent une médiation originale vers l’histoire urbaine du XVIIIe siècle. Pour décrypter ses hiérarchies et ses aspirations, à travers les comportements culturels et les mécanismes de leur transmission, la circulation et la diffusion des modes, la propagation et l’appropriation des critères de distinction.


Sommaire

Paris-Orléans, en danse et en musique
• Pour « danser facilement » les contredanses nouvelles
• Aperçus sur la vie orléanaise au milieu du XVIIIe siècle

Le métier de maître à danser au XVIIIe siècle
• Un métier ambigu et polymorphe
• Devenir maître de danse
• Exercer comme maître de danse
• Composer chorégraphies et airs à danser

Le bal des Lumières dans les provinces
• Le bal urbain au milieu du XVIIIe siècle
• Menuets, allemandes et contredanses : quel répertoire pour le bal des provinces ?

commentaire de l'auteure :
"[…] les divers métiers de la musique n'étaient pas au XVIIIe siècle si cloisonnés que l'on pourrait le croire. Malgré les anathèmes lancés par l'Église contre les dangers de la danse et des bals, maîtres à danser et musiciens d'Église se fréquentaient, tant familialement que professionnellement. Jean Robert, le "héros" ou plus exactement le fil conducteur de ce livre, apparaît dans les sources orléanaises quand il assiste à la sépulture d'un musicien de la cathédrale en 1759. Il est très ami avec l'organiste Christophe Moyreau, que l'on aperçoit plusieurs fois présent et signataire à ses côtés et qui l'accompagne à sa dernière demeure.
Une vingtaine de pages sont consacrées au Concert que François Giroust, alors maître de musique de la cathédrale d'Orléans, reconstitua et anima de 1757 jusqu'à son départ pour Paris en 1769. La méthode muséfrémienne a été mise en action pour identifier les musiciens de ces concerts publics, dont une seule liste est actuellement connue (1762), complétée de diverses annonces de presse (Affiches). Il en ressort que les musiciens d'Église sont les piliers indispensables de ces concerts."

autre commentaire reçu par ailleurs :
"Le dernier ouvrage publié par Sylvie invite à Danser en ville, un autre regard sur le XVIIIème siècle que nous avons coutume de côtoyer entre musique et histoire.
Ce Jean Robert qui émaillait régulièrement le discours de notre amie a pris forme et défend les couleurs de la danse en province. Disons d'emblée qu'il s'agit d'un ouvrage scientifique qui fera référence. Ainsi que le souligne Sylvie en introduction, la danse n'a pas la chance de sa soeur musique et n'a pas bénéficié de la même aura. L'historiographie est maigre, la discipline étant répertoriée tantôt en Musique tantôt en Arts et spectacles, voire "ailleurs". Il y a comme un vide autour de la danse alors que son rôle social, esthétique, artistique est indéniable. Point de danse
sans musique et réciproquement "Pas de musique sans danse" argue Sylvie. Pourquoi ce vide ? La place de l'interdisciplinarité, les danses du XVIIIème siècle, la vie en société..l'histoire du couple de Jean et Marie Louise Robert au service de leur art va aider à décrypter la danse comme medium.
Cette invitation à découvrir concrètement par le menu l'exercice du métier de maître à danser s'appuie sur de nombreuses sources, illustrations dont certaines ne sont pas sans rappeler L'Harmonie universelle de notre cher Mersenne, le tout mené dans un style fluide agréable à suivre.
Laissant tout un chacun découvrir ce volet dansé de l'histoire urbaine,
Bien sincèrement





*** † ***

Sylvie Granger est décédée le 12 juin dernier des suites d'une maladie. Je l'avais connue de façon épistolaire suite à un appel qu'elle avait fait dans la revue Trad Magazine en 1999. Elle cherchait à entrer en contact avec d'autres chercheurs/musicologues concernés par la danse ancienne, nous avions échangé quelques informations et elle m'avait beaucoup encouragé à poursuivre mes recherches. Nous avions gardé le contact depuis, elle ne manquait jamais de m'apporter son éclairage sur une question et m'avait aussi permis d'entrer en contact avec d'autres chercheurs. En plus d'être une experte dans ses domaines, elle savait jouer le rôle de passeuse, elle nous manquera beaucoup, mais son œuvre reste.





un hommage en chanson, écrite et chantée par Jean-François "Maxou" Heitzein



Dans les villes de l'Ouest : des musiciens venus d'ailleurs (XVIIe-XVIIIe siècle) par Sylvie Granger

mardi 29 mars 2022

Marcel Néerman, professeur de danse

publié le 4/10/2018
mise à jour le 29/5/2020, ajout de la biographie d'Henri Herpin
mise à jour le 1er/7/2021, ajout des références Vade Mecum
mise à jour le 29/3/2022, ajout du portrait de Violette Berquin






Professeur de danse, il anime avec sa soeur Lucienne, dans les années 1910-1920 un cours de danse à Paris 51 rue Notre-Dame de Lorette, puis au 5 rue Théodore de Banville.
Leur carte de visite précise : "L'enseignement comporte les danses classiques, anciennes, nouvelles et de caractère. Théâtre. Danses enfantines, cotillon etc... Cours spéciaux de Double Boston et de Tango Argentin. Cours d'ensemble et leçons particulières."


Lucienne et Marcel
source : archives familiales des descendants
de Lucienne Néerman


Marcel Néerman est né à Saint Yrieix sur Charente en 1886. Il est le fils d'Albert, architecte, né à Paris et Amélie Fauchon, née à Saint Malo. Son père est le petit-fils d'un musicien gagiste dunkerquois, Jacques  Antoine Néerman qui fut ensuite chef de musique dans la région dunkerquoise, à Gravelines et à Bourbourg. Lucienne, née à Angoulême en 1891, est une danseuse d'avant garde d'après le témoignage de son petit-fils. Elle organisait notamment, des concours de danse à Dinard après la guerre. Son mariage en 1922, met fin à sa carrière chorégraphique. Marcel rencontre Violette Berquin, Parisienne née en 1899, ils se marient en 1923.

Violette Berquin
source

Depuis peu de temps Marcel Néerman est devenu secrétaire de la nouvelle Union des Professeurs de Danse de France, créée le 5 février 1920. Le comité est composé de : président d'honneur M. A. Périn, président Paul Raymond de l'Opéra, vice-présidents M. Stilb et M. Baraduc, trésorier M. George, secrétaire Marcel Néerman et secrétaire adjoint M. Moutin.
Marcel est très actif au sein de cette association. Il écrit de nombreux articles pour l'une des revues spécialisées : la Revue de la Danse dont il est le directeur depuis septembre 1920.
Sa famille ayant coupé les liens avec le couple, je n'ai pas retrouvé d'information sur leurs activités. Je sais qu'ils se déplaçaient l'été dans les stations touristiques de l'époque, à Saint Sébatien, Saint Jean de Luz et Biarritz.  Le couple termine sa vie à Port Sainte Foy et Ponchapt, au lieu dit Le Ruisseau Ouvert, où Marcel décède en 1965. Violette reste veuve pendant plus de trente ans et décède en 1995 à Sainte Foy la Grande, elle a 96 ans.

Christian Declerck

Sources : état civil, journaux : La Presse, Le Figaro et la Revue de la Danse, le témoignage et les documents transmis  par O. Page.



Marcel et Violette reposent au cimetière
 de Port Sainte Foy et Ponchapt





revue Dansons !



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Articles de Marcel Néerman parus dans la Revue de la Danse, fondée en 1912 :

- n°1, janvier 1920
La danse avant, pendant et après la guerre
Le foxtrot, théorie
Le jazz, théorie
Le paso Doble, théorie

- n°3, mars 1920
Scottish espagnole, théorie
Valse hésitation, théorie
Le tango tel qu’il se danse aujourd’hui
La java, théorie

- n°5-6, septembre et décembre 1920
Le schimmy, théorie
Ce qui se danse
La revue conseille à ses membres d'éviter le payement des cours à la leçon, mais d'exiger un abonnement pour éviter l'assimilation du cours aux dancings [qui sont taxés].

- n°7, janvier et février 1921
Le shimmy, suite
Le tango, suite

- n°9, avril 1921
Valse hésitation, nouveau pas

- n°10, mai 1921
Ce qui se danse

- n°11-13, juin et août 1921
La java
Le one-step

- n°16, décembre 1921
Le tango
Le balancello de M. Périn par M. Néerman

- n°17, janvier 1922
Des modifications et nouveaux pas dans les danses actuelles

- n°18, février 1922
Du tythme et de la manière de danser de nos jours
M. Paul Bourget et la danse
Le tango, son style (les assemblés)

- n°19-20, mars et avril 1922
De l’allure des danses actuelles (métronome)

- n°21, mai 1922
Mise au point (à propos des critiques du Balancello et de la Polca Criolla)

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Théories de Marcel Néerman parues dans la Vade Mecum de la Danse en 1920 :






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J'ai pu retrouver la trace de cinq partitions de danse dont il a réalisé la théorie : El Mas Antes, véritable tango argentin, musique de Henri Herpin*, hommage au señor Benigno Macias (1912), la java Casque d'Or (1920), Le Paso-Doble-Boléro (1921), La Vraie Samba (1923), le Zortzico, five-step (1925) et un tango, El Quéso, qui est publié en 1913.


collection personnelle

collection personnelle

collection particulière

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* Henri Herpin est né à Lille en 1874, dans le quartier Saint Sauveur. Il est le fils de Coralie HENRY et d'Henri, mouleur en fonte puis professeur d'escrime et c'est cette profession qu'il déclare  lors de son recrutement en 1899. Il est alors domicilié 108 bis rue de Paris, coïncidence, c'est à cette adresse que s'ouvrira, 20 ans plus tard, le magasin Eden Chanson, mais c'est une autre histoire.
Parallèlement à sa profession de professeur d'escrime, il est également musicien. Il obtient le 1er prix de violon au Conservatoire de Lille en 1898 puis le 1er prix de solfège en 1900. On le retrouve ensuite à Paris, rue du Château Landon en 1903, puis rue Rochechouart en 1906, rue Audran en 1907 et 60 avenue de Clichy en 1914, une des adresses de sa maison d'édition de musique. Après la guerre il s'installe 11 rue Sédillot. Je n'ai pas trouvé d'informations sur son activité professionnelle, à part une carte postale publicitaire qui mentionne son activé de chef d'orchestre tzigane chez Maxim's, et les quelques partitions qu'il a éditées et dont il est souvent le compositeur. La BNF recense environ 70 notices, dont plusieurs danses de salon, des tangos principalement, arrangés par Joaquin Valverde fils (1875-1918). Il épouse une Lilloise, Annette Michaux, en 1902, le couple a une fille, Germaine, artiste dramatique qui épouse le chansonnier, Pierre Liger; en 1923. Henri Herpin décède à Paris en 1957, il est alors domicilié à Neauphlette (77).


Les Clochettes d'Amour
l'un de ses succès

Ma Mie, par Françoise Arnoul
extrait du film L'Epave