Mme FELTMAN, née Estelle Bernardin
PROFESSEUR de DANSE DANS PLUSIEURS
ET LES PRINCIPAUX PENSIONNATS RELIGIEUX
DE BOULOGNE
De l'académie royale de musique, élève de M. et Mme Gardal [Gardel*], Coulon** et Albert***, donne des leçons particulières, tient son académie Place Navarin, n° 4,
La méthode de Mme Feltman consiste dans des leçons consciencieuses, et sa grande patience à exécuter par elle-même tous les pas devant ses élèves, et à leur donner de la grâce, du maintien qu'une femme seule peut apprendre à son sexe, et cela sans le secours de l'anatomie.
En sa qualité de chorégraphe, elle démontre tous les pas de caractères, la marche, les exercices des bras, les révérences, l'entrée dans un salon, et à la demande des parens, de petits divertissemens de société. Cours de Polka.
C'est l'annonce qu'elle fait publier dans L'Almanach de Boulogne-sur-Mer en 1846-1847. Comment est-elle arrivée à Boulogne ?
Edmée Estelle Bernardin est née à Vermenton (Yonne) le 21 février 1806, fille d'Alexandre, officier de santé qui y décède 5 ans plus tard et d'Adélaïde Acremant originaire de Lille.
On peut suivre dans la presse (principalement Le Courrier des Théâtres) son parcours professionnel. Elle est admise pour ses débuts à l'Opéra en août 1826, elle s'y produit le 9 septembre dans un pas de trois, puis le lendemain dans Paul et Virginie. Le 12 octobre, ses second débuts, elle a "obtenu un nouveau succès pour sa vigueur et son aplomb, son visage a été plus riant que la première fois". Le 13 novembre "Entière réussite, mais ses cheveux tombent à la fin de son pas, d'ordinaire les coiffures qui se font là, tiennent mieux". Le 5 décembre le journal annonce son départ de l'Opéra, sans donner la raison, malgré un soutien de la presse. "Mlle Estelle Bernardin, qui a donné, avant-hier, ses débuts à l'Opéra, nous a paru digne d'une mention particulière, tant son sort nous semble en opposition avec les heureux commencemens de talent qu'elle a montrés et qui sont ses seuls protecteurs. Si cette jeune personne en avait d'autres, nous ne la soutiendrions pas ; mais elle est arrivée sans intrigue, et, selon nous, elle s'en va sans raison. Une lettre des ses supérieurs en prive le théâtre où elle aurait pu rendre de grands services, et la condamne à aller fire fortune à l'étranger. Comme ce sera au dépens du public de Paris, il est juste de s'en plaindre en son nom. A chacun de ses débuts, Mlle Bernardin a obtenu un succès d'autant plus mérité que ni la prévention, ni la légèreté n'y ont présidé ; on a bien regardé cette danseuse avant d'applaudir, et, certes, la dernière fois, elle s'est encore mieux acquittée de son pas que toutes les autres. Est-ce un motif pour ? … …"
Le 3 février 1827 elle est à Bruxelles et danse les ballets de Cendrillon, Zemire et Azor, etc. En octobre 1827 elle est à Liège, puis en septembre à Maastricht, avec M. et Mme Benoni, elle danse Almaviva et Viva, ballet en trois actes. En 1828 elle se produit au théâtre Lafayette, à New York, où elle est remarquée par le prince Joseph Napoléon ; en 1830 et 1831 elle est à Bordeaux. Vers 1830 elle épouse Auguste Feltman, artiste dramatique et régisseur du théâtre de Liège en 1837. En 1832, elle danse à Bruxelles et en 1833-1834 à Boulogne sur Mer. Fin de sa présence dans la presse, et c'est sans doute aussi l'époque de son installation dans cette ville. Une annonce est publiée en 1841 : "Mme Feltman, donne des leçons en ville, et tient chez elle une école de danse, rue du Mont à Cardon, n°26". Après 1847 elle quitte Boulogne pour Paris et devient ensuite dame de compagnie.
Domiciliée à Neuilly, 2 place Saint Vincent de Paul, elle meurt le 3 juillet 1860, à l'hôpital Beaujon à Paris, toujours épouse d'Auguste Feltman.
Christian Declerck
29 mai 2025
extraits du plan de Boulogne-sur Mer (Gallica)
* Pierre Gardel, 1758-1840
** Jean-François Coulon 1764-1836
*** François Decombe ALBERT 1787-1865
source : Gallica et Philippe Van Aelbrouck, Dictionnaire des danseurs à Bruxelles de 1600 à 1830
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source Gallica |